« C’est pas du gâteau »

Cette expression française utilisée par maître Taisen Deshimaru va à l’encontre de ce qu’est devenue l’expression passée dans le langage courant :
« être zen » c’est « cool », « relax », « no stress »
Tout cela serait synonyme d’éloignement des difficultés du monde ?
Une ambition d’échapper à la souffrance ? A ce qui ne tourne pas rond dans nos existences humaines ?
En fait cet usage abusif est certainement l’expression de la recherche d’une protection bien naturelle, mais illusoire, devant l’impermanence des phénomènes. De fait, la réaction devant le grand chaos qui nous dépasse. La loi d’un cosmos immense et infini en contradiction avec les représentations limitées par nos perceptions et les reconstructions mentales qui en découlent.
En d’autres termes une illusion d’optique projetée par notre cerveau devant une réalité toute autre.

Et bien, oui ! Le zen c’est pas du gâteau !

Zen méditaion
Maître Deshimaru en 1967 à Tours

Elle traduit plus exactement la véritable expérience vécue dans l’engagement sur la voie ardue de cette « pratique/réalisation », expression chère au fondateur de l’école SOTO du Japon au début du 13éme siècle, le grand maître Dogen Zenji.

En effet cette « pratique/réalisation » n’a rien à voir avec une pub de yaourt, des massages californiens, ou une séance de relaxation.
Loin de la stupidité de l’emploi abusif de ce mot qui ne traduit que l’immense ignorance de ceux qui l’utilisent.
Si nous laissons le « zen washing » aux publicitaires, c’est une autre difficulté qui nous attend.

Peut-on définir ce qu’est le zen ?

Contradiction insoluble nous disent la majorité des anciens de la tradition. Par conséquent le paradoxe d’une question éternellement sans réponse…
C’est donc une « aporie » nous répondent en écho les philosophes. Un raisonnement voué à l’échec devant la contradiction. On aura beau triturer la question, manipuler le casse tête, la réponse restera toujours impossible. Une leçon de modestie ?
Pourtant la littérature sur le zen remplit les bibliothèques, comment est-il possible de dépenser tant de mots pour si peu de résultats.
Un début de piste nous est pourtant indiqué et dès les prémices de l’apparition de cette école issue des enseignements du Bouddha Shakyamuni en Chine. Il  faut aller au-delà des mots, des étiquettes projetées sur les phénomènes.

Et c’est ainsi que le maître tranche et assène sa vérité intraitable, le coup de « kyosaku » sur les neurones :

Le Zen c’est zazen.

Jacques Brosse résumait autrement cette difficulté représentée par Zazen : « la posture exclut l’imposture ».
Bas les masques ! Fini de jouer ! Fini de tricher !

 

Pour en savoir plus.
https://www.zen-azi.org